gestes barrières

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21/11/2022

nouveauté : Le gros manioc

 

Le gros manioc conte populaire adapté par MP Huet
illustré par Irina Condé
coll. Conte à colorier. 22p.

ISBN 978-2-35045-164-0
prix : 30 000 GNF : 4.25 €

Adaptation d'une randonnée pour aprrendre à lire en s'amusant.

Baba trouve un petit morceau de bois. Il le met en terre et il en pousse un manioc qui grossit, grossit, grossit tant et tant qu'il est impossible de l'arracher.

Les dessins d'Irina Condé simples et bien détourés permettent aux enfants, dès la maternelle de développer leur motricité fine. 

Le texte construit en randonnée permet par la répétition de mieux intégrer la structure de la langue, et le vocabuaire. Les enfants de fin de CP doivent être capables de le lire et ils ont le bonheur de lire un conte tout seul.

14/11/2022

Saliou Bah : un auteur à l'honneur

 

Les éditions Ganndal viennent d’honorer un de leurs auteurs, Saliou Bah. Récipiendaire de la première édition du Prix Marie-Paule Huet de littérature de jeunesse lancé en 2022 par les éditions Ganndal, il a reçu un prix de un million de francs guinéens accompagné d’une attestation de reconnaissance de bons services rendus qui ne récompensent pas seulement la densité de son œuvre, une œuvre ne se mesure pas au nombre des titres publiés, mais sa richesse et sa diversité.

Saliou Bah est un écrivain de longue date. Passionné de cinéma il a d’abord été attiré par les scénarios de films. Puis il s’est essayé à la nouvelle dont certaines ont été publiées à la fin des années 90. 

Son parcours professionnel l’a amené dans les bibliothèques où il découvre la littérature de jeunesse qu’il n’avait jamais eu l’occasion de lire lorsqu’il était enfant. Les rares livres qu’il aurait pu lire à l’époque étaient deux recueils de contes guinéens. C’est donc à l’âge adulte comme il nous l’a confirmé qu’il a découvert la richesse de la littérature de jeunesse. Il l’a lue et analysée sur son lieu de travail et au cours de nombreuses formations. Il l’a pratiquée avec les enfants qui fréquentaient la bibliothèque et il a vu ce qu’ils aimaient et ce dont ils avaient besoin.

Père de famille attentif à ses enfants, il les observe dans leurs jeux, dans leurs réactions avec les copains du quartier, avec les frères et sœurs, avec les parents. Il nourrit ses histoires de ses expériences et de ses observations. Ce qu’il met en scène, ce ne sont pas des situations parfaites ou idéales, mais ce que vivent les enfants : leurs émotions, leurs contradictions, leurs peurs qui les amènent à se confronter à l’autre, que ce soit l’ami , les frères et sœurs ou les parents.

Ses histoires sont des petits flashs de vie : le chagrin de la séparation lorsque Papa s’absente (Le voyage de Papa), la peur d’un chien qu’il faut surmonter pour rendre visite à une petite amie à l’autre bout du quartier (Bobo a peur du chien), la frustration quand Maman ne cède pas à un caprice (Bobo et le cerf-volant). Des histoires courtes pour les petits mais qui créent un véritable univers dans lequel n’importe quel enfant peut se reconnaître et qui l’aident à mettre des mots sur des sentiments qui le dépassent. L’enfant peut ainsi comprendre que l’équilibre revient après des émotions intenses avec l’aide des parents ou des adultes. Et c’est le grand art de cet auteur de savoir donner leur place aux parents ou aux aînés dans la résolution des conflits d’ordre psychologique.

Lorsqu’il s’essaie aux romans pour les enfants du primaire, ce sont des romans courts à dessein. Mais avec des situations riches, pas de mots inutiles mais des actions qui entraînent le jeune lecteur dans la lecture. Lam notre petit bout d’homme de 7 ans, en but aux corrections maternelles, fugue. Si l’expérience ne dure guère plus de deux jours, elle est assez riche pour que la maman revoie son attitude vis à vis de son fils. Quant à Lam, grâce à une vieille mendiante, il va réfléchir et essayer de mieux se comporter. La situation dramatique trouve sa résolution et l’équilibre revient à la fin du livre. Lam l’enfant battu est un des livres qui a le plus de succès, sans doute parce que l’éducation des enfants n’exclut pas la violence. Elle est expliquée : la maman est trop jeune et inexpérimentée elle ne comprend pas son enfant et fonctionne sur de vieux adages qui ne sont plus opérationnels dans notre société en mutation. Mais ce que montre l’auteur avant tout, c’est que quelle que soit la situation on peut résoudre les conflits ou les difficultés.

Dans Penda la sorcière, Bah s’attaque aux préjugés qui ont vite fait de condamner les gens dès lors qu’on ne les comprend pas ou qu’ils soient un peu étranges ou étrangers. Mais là encore l’explication tombera et on comprendra.

Quand il s’adresse aux jeunes adultes ou aux grands adolescents, Bah nous entraîne dans son imaginaire. Il adore le fantastique que ce soit en littérature ou au cinéma. Et Bono Waylo, l’homme hyène relève de cet univers. Référence aux croyances anciennes ou véritable roman fantastique, peu importe, la vie tranquille d’un village est déséquilibrée par l’apparition de hyènes qui dévorent les troupeaux. On a tôt fait de comprendre que c’est un jeune du village qui est à l’origine de ces catastrophes. Mais comment lui rendre sa forme humaine et que va-t-on découvrir derrière cette métamorphose ?

On le voit, un imaginaire riche et sensible et une palette d’écriture assez vaste pour satisfaire un public large. C’est cette richesse et cette sensibilité, cette finesse dans l’analyse qui nous ont amenés à mettre en avant le talent de Saliou Bah en mettant tout en œuvre pendant cette année qui lui sera consacrée pour lui faire rencontrer le maximum de lecteurs.

Apprécié en Guinée, il est aussi reconnu à l'étranger : il a colaboré à la revue Planète Enfants et  ses livres sont de nos jours lus et exploités dans de nombreuses écoles primaires et bibliothèques publiques du Bénin, du Burkina Faso, de Guinée, du Mali, de Madagascar, du Niger, pour ne citer que ceux-là.

Nous souhaitons bon vent « littéraire » à Saliou Bah, et attendons avec impatience ses nouveaux projets.